Ce matin, Thiago se déplace comme en lévitation parmi les palétuviers de la mangrove, ces grands arbres semblent dressés sur des échasses par leurs racines aériennes profondément plantées dans la vase pour résister aux fulgurances de l’Amazone.
En février, de lourdes averses imbibent l’île de Marajó, elle flotte au milieu du delta du fleuve. Seul lien avec le continent, le ferry blanc et bleu, qui relie Belém à Breves et déverse chaque jour la manne touristique en quête d’exotisme et d’aventure sur l’île bouclier de l’océan. Le rythme local ralentit à mesure que la journée se lève, la chaleur pèse autant que l’humidité saturant l’air.
L’enfant alangui par l’air épais reste à l’abri des arbres centenaires. Pendant ces moments de calme et de plénitude, une odeur de papaye apparaît, lui rappelant sa petite enfance, l’esprit de Bahia vient le rejoindre. La présence de sa mère entre les racines aériennes est si forte qu’il s’endort, apaisé à l’abri de celles-ci. Avant la tombée de la nuit, lorsque la chaleur pèse un peu moins sur les corps, il abandonne les esprits de ceux qui ne sont plus pour revenir parmi les hommes.
Thiago marche dans la forêt qui borde l’embouchure du grand fleuve, lorsque les cris de deux grands rapaces, se chamaillant dans le ciel, attirent son attention. Un ballet aérien stupéfiant se tient entre les cimes, une harpie féroce affronte un grand urubu. Les cris stridents et les puissants battements d’ailes des deux oiseaux envahissent la mangrove. Soudain, la harpie abandonne le combat. Le grand urubu, vainqueur, descend en piquet vers l’enjeu de la bataille.
L’enfant, trop curieux pour se sentir en danger, court découvrir le butin du grand oiseau. Il enjambe les racines de palétuviers, fonce entre les feuilles plus grandes que lui et s’étale de tout son long devant une masse énorme reposant sur le dos. Le charognard trône sur ce corps immense et, sans prêter attention au nouveau venu, attaque de son puissant bec cette banquise de chair lacérée par de profondes entailles.
L’enfant se redresse ahuri, lève les yeux vers le ciel, observe les alentours, contourne l’animal étendu, et ne comprend pas comment cette baleine a atterri dans la mangrove. Un groupe de singes hurleurs se déplace dans les arbres et lance de funestes cris rauques puis un hurlement d’outre-tombe retentit. Thiago ferme les yeux de frayeur, la voix de Bahia résonne. Va Thiago, cours.
*
L’enfant arrive hors d’haleine chez son grand-père. Raúl s’inquiète intérieurement de voir ce petit corps en sueur débouler ainsi dans la maison.
— Le mapinguari te poursuit Thiago ? lance le grand-père en faisant allusion au monstre légendaire de la forêt amazonienne. Cette créature fantastique a l’allure d’un paresseux monstrueux, du haut de ses trois mètres et de son unique œil, il guette ses proies dans la forêt. Ses longues griffes sont acérées et aussi tranchantes que des lames de rasoir. Il dissimule dans son épaisse fourrure rouge une immense bouche pleine de dents aiguisées. Ce protecteur de la forêt s’attaque aux chasseurs en imitant le cri du singe hurleur.
— Raúl ! Dans la forêt, une baleine, tombée du ciel ! Viens avec moi grand-père, il faut faire quelque chose, la ramener à la vie, à la mer. On ne peut pas la laisser là.
Raúl se tourne vers l’enfant, les yeux brillants, ployant lentement vers la chaise la plus proche, il s’assoit. Le vieil homme apprécie les rares moments où il l’appelle grand-père. Cette proximité revient parfois alors qu’à d’autres instants, il la croit perdue à jamais. Lui pardonnera-t-il un jour de n’avoir pas su guérir sa mère ? Lui-même ne s’accorde aucun pardon d’avoir survécu à sa fille.
— Thiago, si j’avais ce pouvoir ce n’est pas une baleine que je ramènerai dit Raúl se levant, il ajoute, allons voir cette incroyable scène de la nature.
Debout, face à l’immense animal écrasé au sol, le vieil homme et l’enfant cherchent une explication. La baleine repose sur le dos, on la croirait tombée du ciel. De nombreux insectes s’affairent dans les blessures de l’animal. Des cris rauques émanent des cimes, l’ombre des singes hurleurs se devine au milieu du feuillage dense qui s’agite.
— Thiago, cet animal est mort depuis plusieurs jours, je ne peux rien faire. L’enfant lui lâche la main. Le vieux tente une explication, mais il sait que son petit-fils a la tête dure.
— La vie s’écoule, nous ne pouvons pas l’arrêter. Quand tu tiens l’eau de la rivière entre tes mains, elle te file entre les doigts, tu bois ce que tu dois et le reste t’échappe. Thiago lui tourne le dos ; Raúl n’insiste pas davantage, il repart de son pas lent. L’enfant fait le tour de l’animal cherchant toujours une solution puis court rejoindre son grand-père.
*
Le lendemain, les bras chargés de bougies, Thiago revient auprès de la baleine. Il dépose ses bougies devant l’animal dont la peau brille dans l’air chaud et humide de la mangrove. Le grand urubu n’est pas là. L’air est moite, les averses sont rapides et fulgurantes. Difficile de garder les bougies allumées. Thiago fabrique avec succès un petit auvent avec de grandes feuilles et quelques branches pour protéger son autel de la pluie. L’enfant ferme les yeux, il ne sent pas l’odeur de la carcasse qui s’abîme, mais celle de la papaye douce et sucrée qui l’enveloppe de ses bras chaleureux, la voix de Bahia murmure « Je ne pourrai jamais revenir mon cœur. Nous nous retrouverons, je t’attendrai l’éternité. »
Thiago ouvre les yeux, il est trempé jusqu’à l’os et heureux jusque dans l’âme. Il se sent si bien, il se blottit contre l’animal glacé et puant, comme il le faisait contre sa mère lorsqu’il était plus petit.
Un groupe de touristes émerge, le moment de stupeur suscité, par cette veillée funèbre inattendue, est très vite noyé sous les flashes des portables et des appareils photo. L’enfant ne bouge pas pour retenir un instant de bonheur qui déjà s’efface sous ces assauts incongrus. Sans gêne, une adolescente s’assoit à côté de lui en arborant une moue boudeuse pour faire un selfie. Thiago ferme les yeux, se concentre, reste à l’écoute, seul le silence de l’absence lui fait face. Trop d’agitation, l’odeur douce et sucrée s’est évaporée.
Perché sur un imposant buffle d’eau aux cornes immenses, Dario, le garde-chasse apparaît soudain. Le puissant ruminant se déplace d’un pas indolent, d’un coup de sifflet strident, Dario aligne les gringos, inspecte les sacs à la recherche d’un souvenir en voie d’extinction. L’air contrit, des voyeurs pris la main dans le sac sur le visage de quelques-uns, l’amuse. Il chasse sans ménagement le groupe après l’avoir soulagé de quelques dollars. L’enfant resté en attente n’a pas bougé.
— Thiago, tu ne peux pas rester ici. Dario lui tend la main, l’enfant grimpe prestement sur le dos du bovidé et s’accroche au fonctionnaire pour ne pas tomber.
— D’où sort cette baleine ? Je ne sais pas Dario, je l’ai trouvée hier. C’est bizarre ! marmonne le garde-chasse pendant que son ancestrale monture les ramène au village. Plus nombreux que les habitants de l’île, le buffle est l’animal-roi, il permet de se vêtir, de manger, de cultiver la terre, de se déplacer. Il y en a partout, dans chaque trou d’eau, un buffle se prélasse.
*
Thiago avance en sautillant vers l’épicerie de João, il lui racontera sa découverte et achètera des bougies, il a vidé la réserve de son grand-père pour veiller la baleine. Arrivé de nulle part, Roberto lui barre la route et brandit son téléphone portable.
— Alors la vedette, tu pleures toujours ta maman dans la forêt ! L’enfant se méfie, Roberto profite de toutes les situations, il a la main leste et habile, détrousse les touristes imprudents, sa mauvaise réputation n’est plus à faire. Roberto est un homme en colère, aveuglé par le ressentiment et l’amertume d’appartenir aux plus faibles, tous les moyens lui sont bons pour survivre à la misère. Thiago fait un pas sur le côté, le malfrat l’arrête d’un geste de la main.
— Regarde sur les réseaux, on ne parle que du petit mendiant qui chiale dans la forêt. On t’a surnommé l’enfant de la baleine. Je ne pleure pas dans la forêt, laisse-moi passer ! crie Thiago. Tu passeras quand je l’aurai décidé. Un touriste a lancé une cagnotte en ligne pour te sortir de la pauvreté. C’est touchant ! Thiago fulmine intérieurement d’avoir un corps d’enfant.
Une main écarte le rideau de perles de l’épicerie, João apparaît sur le perron de sa boutique. D’un signe de la main, il invite l’enfant à venir vers lui. Roberto s’en va maudissant ce protecteur inattendu. Plus loin, devant les échoppes colorées aux murs de terre cuite exposant les incontournables sandales en cuir de buffle, deux femmes marchandent des céramiques Marajoara.
— Il paraît qu’une équipe de scientifiques vient étudier la baleine que tu as trouvée, lui lance João. L’épicier apprécie Thiago, cet attachement est réciproque, l’enfant s’arrête souvent dans sa boutique, il raconte ses mésaventures lorsqu’il promène les touristes dans la mangrove. Le récit est vivant, tantôt il mime la réaction d’un homme malencontreusement assis pendant une pause sous un boa en pleine digestion, tantôt il imite les regards inquiets qui se croisent quand les cris monstrueux des singes hurleurs retentissent dans la forêt alors qu’il raconte la légende du mapinguari.
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L’équipe de scientifiques, amenés par le ferry blanc et bleu, est arrivée très tôt. Pas d’autre moyen d’atteindre l’île de Marajó. Deux jeeps stationnent devant la cabane du grand-père. Les véhicules sont chargés de matériels avec à leur bord trois scientifiques de l’organisation de protection de la nature Amigos de Criação. Dans la première voiture, une femme brune porte des lunettes de soleil, elle observe avec bienveillance l’enfant qui approche. À l’arrière, deux hommes s’impatientent.
D’un geste de la main, Dario invite Thiago à le rejoindre dans la seconde voiture. L’enfant court, toujours prêt à se rendre dans la forêt, l’équipage démarre. Raúl sort et les regarde s’éloigner, il prie pour protéger son petit-fils du monde des hommes, le mauvais sort s’est déjà trop acharné sur sa famille, il ne lui reste que cet enfant.
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La femme aux lunettes coordonne le groupe, ses collègues sortent de la voiture, sidérés par cette vision surréaliste. Les chauffeurs installent le matériel.
La femme se dirige vers l’enfant, « je m’appelle Renata, je suis spécialisée en biologie marine, je travaille pour une organisation internationale de protection de la nature, Amigos de Criação » Thiago regarde cette femme, sa beauté est différente de celle de sa mère, ses cheveux sont plus courts, elle s’habille en homme, aucune ressemblance avec sa Bahia. Une odeur de papaye passe, l’enfant ferme les yeux. Aie confiance mon fils !
Une légère bousculade de Dario le rappelle à la réalité. Thiago raconte la bataille entre le grand urubu et la harpie féroce, sa course dans la mangrove, sa chute contre la baleine, les bougies, l’arrivée des touristes et de Dario. Le garde-chasse grimace devant l’animal, les effluves de la masse étalée l’incommodent. Un grand nombre d’insectes animent la carcasse d’un mouvement imperceptible. Un hurlement saisissant retentit, tout le monde se fige avant de l’attribuer au singe hurleur.
— Nous allons l’étudier pendant quelques jours pour comprendre comment elle est arrivée ici. Son autopsie nous dira si elle était malade. La mine de l’enfant révèle son incompréhension face à ce mot barbare.
— Nous regarderons dans son corps pour découvrir si elle souffrait d’une maladie, nous l’examinerons pour comprendre si ses blessures sont dues à un bateau ou un filet de pêche. Que faisais-tu ici ? C’est un peu loin du village.
— Dans la mangrove, je viens écouter les esprits et je me repose de ma misère. Depuis que la baleine est là, la voix de Bahia est plus forte. Renata, surprise d’entendre un enfant parler de cette façon, reste impassible. L’enfant baisse la tête et remarque quelques touffes de poils rouges, il n’en croit pas ses yeux, une peur l’envahit, il se réfugie en lui-même.
— Vous avez déjà vu ça ? Une baleine en Amazonie, interroge Dario. Non, je n’ai jamais observé un cas pareil. Renata fixe l’animal. L’état de la bête est déplorable, une montagne de chair prête à s’écrouler et se fondre dans le sol. D’une voix claire, Renata enregistre ses observations sur son téléphone « L’animal est mort depuis quelques jours, la décomposition a démarrée, favorisée par l’humidité ambiante et la chaleur. Il s’agit d’un baleineau à bosse, il repose sur le dos, mesure une dizaine de mètres, il n’a pas encore un an. Son corps présente de profondes lacérations… » Un nouveau cri rauque et inhumain inonde l’espace et laisse sa trace sur l’enregistrement. Thiago reste immobile.
Renata s’arrête, lève la tête vers le ciel et reprend son observation tout en contournant l’animal « Je ne comprends pas ce qu’il fait là. C’est une situation très inhabituelle. Les baleines passent le long de nos côtes en hiver, en été, elles sont à 6 000 km de là pour rejoindre les eaux de l’Antarctique, riche en krill, leur nourriture favorite. Le baleineau a dû être séparé de sa mère pendant la migration et se perdre en la cherchant. »
À ses mots, l’enfant tressaille une nouvelle fois, une infinie compassion pour son colossal ami l’envahit, il s’est perdu en cherchant à rejoindre sa mère… il est venu dans la forêt de Bahia. Renata continue « Les pluies et les fortes marées de ces dernières semaines l’ont probablement rapproché de la côte jusqu’à le rejeter dans la mangrove où il s’est retrouvé piégé… » Thiago n’écoute plus, il se sent à l’écart de ceux qui l’entourent, en dehors de la réalité. Il regarde les scientifiques arborant une moustache de gel mentholé pour masquer les effluves putrides, photographier, prendre des notes. Ils sont entièrement absorbés par leur tâche. Renata s’éloigne « C’est une explication un peu tirée par les cheveux, mais possible. Derrière les palétuviers, la plage est à une vingtaine de mètres. » L’enfant n’est pas incommodé par l’état de la carcasse, son esprit est ailleurs, pour Thiago, l’odeur du baleineau est douce et sucrée…
*
Le cœur lourd et triste comme à l’accoutumée, Thiago marche d’un pas lent vers les échoppes colorées. Il va rejoindre les gringos qui souhaitent photographier des oiseaux. Thiago prévoit pour les touristes un programme bariolé, des aras bleu et jaune, des flamants roses et les incontournables ibis rouges, symbole de l’île. Le vendeur est occupé avec deux Américains marchandant une couronne de plumes bariolées. Ce matin, il n’y a pas grand monde dans les rues, plusieurs excursions en bateau sont parties très tôt et ces lève-tard ont manqué le départ.
Soudain, l’enfant est soulevé du sol, une main puissante lui écrase la bouche et l’empêche d’appeler à l’aide, on le jette dans une fourgonnette, on lui passe rapidement un sac sur la tête et on le ligote. L’enfant apeuré se concentre sur sa respiration et appelle à l’aide les esprits de la forêt. Bientôt, mon petit, la voix de Bahia le rassure.
*
Le grand-père arrive à l’épicerie de João, il cherche Thiago. Il ne l’a pas vu depuis hier matin. Aussitôt, l’inquiétude gagne l’épicier, il suit le vieil homme chez le garde-chasse, mais Dario n’a pas vu l’enfant. Le trio part à sa recherche. De maison en maison, le groupe grandit.
L’épicier s’interroge, il se souvient de la scène qu’il a interrompue entre Thiago et Roberto, on retrouve rapidement ce dernier qui se joint au groupe de recherche grandissant à mesure qu’il explore le village. Après avoir fait le tour des maisons, tout le monde se dirige vers la mangrove. Arrivé sur le site des scientifiques, le groupe s’arrête. Entre Renata et son équipe la discussion est très vive. La scientifique n’a pas vu l’enfant, elle est furieuse, le baleineau a disparu. Il ne reste aucune trace de l’animal, le sol est jonché de longs poils rouges, même les prélèvements se sont évaporés, seule l’atmosphère de jungle humide persiste. Dix mètres de chair en putréfaction envolée, odeur incluse, une mauvaise blague inexplicable.
La détermination du groupe s’évanouit, lorsqu’un hurlement retentissant s’impose, la frayeur envahit immédiatement l’assemblée. La disparition de la baleine et celle de l’enfant sont des signes de mauvais augure pour les villageois, mais lorsqu’ils aperçoivent les poils rouges répandus sur le sol, aucun ne s’attarde davantage. Dario retient Roberto, prêt à filer avec les autres.
Avec João et Raúl, les quatre hommes avancent d’un pas vif dans la forêt. Les singes-écureuils aux poils beiges et aux yeux cernés de noir passent d’un arbre à l’autre, un couple de perroquets vert et jaune dérangé par leur passage s’envole. Le grand-père ne dit plus rien, à mesure que le petit groupe avance, João et Dario sont désespérés, une terreur sourde et inavouée les habite. Dario se tourne vers Roberto, — s’il est arrivé quelque chose au petit et qu’on n’est pas arrivé à temps à cause de toi, tu le regretteras. Si tu dois parler, c’est maintenant ! »
Devant la colère rentrée de Dario et de João, le malfrat avoue avoir enlevé Thiago pour récupérer la cagnotte lancée sur internet. Il a enfermé l’enfant dans une vieille cabane de pêcheur cachée sur les bords de l’Amazone, il pensait demander une rançon et obtenir la cagnotte en ligne.
À ces mots, le groupe se fige. Cette cabane est maudite, des rumeurs d’esprits malfaisants, de disparition inexpliquée entourent ce lieu. Raúl, João et Dario arrivent hors d’haleine devant la cabane cachée sous les lianes, la porte est recouverte d’un velours verdâtre de moisissure, un vieux cadenas la maintient fermée. On secoue Roberto, il ne trouve plus la clé. On crie le nom de l’enfant, pas de réponse. Sur le côté, une petite ouverture révèle un intérieur sombre, il est impossible de distinguer quoique ce soit. On appelle encore, seul le silence répond.
Dario perd patience et enfonce la porte vermoulue d’un coup d’épaule, oubliant les histoires effrayantes entourant ce lieu. Personne n’ose pénétrer à l’intérieur de la cabane. Raúl entre, il touche le sol en terre à l’endroit où l’on remarque l’empreinte d’un petit corps étendu. De longs poils rouges tapissent le sol. À leur vue, les hommes se figent. Un léger parfum de papaye flotte. Un hurlement rauque s’éloigne.
Dans un coin, les sandales en cuir de Thiago jetées négligemment dans la poussière. Lentement, Raúl s’approche, les saisit délicatement, ferme les yeux et les tient contre lui. Il y perçoit encore la présence de l’enfant.
— Je suis avec elle grand-père, je suis bien. Le vieil homme se relève, il sent une odeur familière, un soulagement l’étreint, l’esprit de Thiago est heureux. Il s’éloigne en serrant les petites sandales contre son cœur. Alors qu’il passe près de lui, Dario l’entend murmurer « je vous suis de près mes enfants ! »
3ème prix du Concours de la nouvelle fantastique de Montrouge, Malakoff, mars 2020
Nouvelle écrite à l’issue d’une série de séances d’atelier d’écriture avec Belinda Cannone
Concours de la nouvelle fantastique et policière de Montrouge
ça pour être fantastique
ai eu peur devant la cabane .. ne suis pas consolée
triste fin ? c’est une façon de voir, Thiago a peut-être rejoint Bahia qui lui manquait tant…
Merci d’avoir lu cette nouvelle