Une vieille photographie en noir et blanc

La femme regardait par la fenêtre en silence. Le téléphone sonnait. Elle ne réagissait pas, elle restait immobile comme si elle ne l’entendait pas. Assise sur l’un des fauteuils de velours du salon, elle ressassait les derniers jours qu’elle avait vécus. Joséphine ne pouvait s’empêcher de faire un point sur sa vie. Qu’avait-elle vécu ? Avait-elle réellement choisi ce qu’elle avait vécu ? N’avait-elle pas davantage subi un destin sur lequel sa volonté propre n’avait eu aucune influence ?

Elle ne pouvait répondre à aucune de ces questions. Et elle s’en fichait. Alors pour quelles raisons toutes ces questions la rongeaient ? Probablement parce que sa fille avait aperçu sa vieille photographie. La photographie en noir et blanc était toujours rangée dans sa table de nuit. Elle la sortait le soir lorsqu’elle était seule. Elle souriait, ce moment la rendait heureuse. Elle entendait à nouveau le chant des oiseaux dans les arbres du parc où la photo avait été prise. Elle croyait sentir encore son parfum. Ce voyage dans le temps lui permettait de passer une nuit sereine, mais ce soir, Joséphine ruminait. Pourquoi sa fille s’était elle mise à fouiller dans ses affaires ? Ce n’était pas dans ses habitudes. Que cherchait-elle ? Avait-elle eu vent de son secret ?

Peu importe, jamais elle ne partagerait ce secret, jamais elle n’en parlerait. Elle avait résisté pendant plus de 60 ans, ce n’était pas pour faillir bêtement après tout ce chemin parcouru.

Elle ne savait pas ce qu’était devenu l’homme qui la tenait dans ses bras sur cette vieille photographie. Elle chérissait cet instant d’une autre vie, car c’était l’un des rares moments où elle avait vécu un bonheur si intense, si authentique. Cette photographie était tout ce qu’il en restait. 

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