Nous partions le matin, rentrions le soir sans l’inquiétude de n’avoir pas été joignable. Pas de sms. Pas de portable. Nous avions l’esprit léger. L’été ou à la nouvelle année, nous recevions des cartes postales aux textes brefs, mais uniques, car écrites par la main d’un ami ou d’un membre de la famille.
Je prends des trains à travers la plaine
La nuit, je mens,
Je m’en lave les mains.
J’ai dans les bottes des montagnes de questions
Où subsiste encore ton écho
Où subsiste encore ton écho
Nous vivions sans grand moyen et sans peur du lendemain, sans jamais savoir de quoi il serait fait demain (ne nous leurrons pas, c’est toujours le cas), mais cela ne nous inquiétait pas. Aujourd’hui, l’inquiétude est palpable, il faut nous murer loin des réseaux internet (difficile), loin des postes de télévision (plus facile) pour parvenir à semer ces rumeurs de terreur.
Volutes font des nuées
Des nuées de scrupules
Barricadé dans l’indifférence, il nous faut néanmoins résister aux fantômes nauséabonds du passé ,portant de nouveaux costumes chics aux allures de lumière, briguant les urnes et le pouvoir. Absence de réflexion. Absence de sens critique. Absence de débat. L’oubli. La peur et la haine aux heures de grande écoute.
Et que l’on tient tous les deux sur un trapèze
On dirait que sans les poings
On est toujours aussi balèzes
Et que les fenêtres nous apaisent
Des voix s’élèvent, nous marchons le samedi ou le dimanche, dans la rue, nous sommes nombreux pour rappeler notre humanité. Ignorés par les ignorants, obnubilés par les chiffres n’écoutant plus le battement d’un cœur, mais seulement ceux de $$££¥₤₤€€… beaucoup plus clinquants.
Mais ne disent rien du tout
Il y a des gens qui crèvent
De faim
Putain putain
C’est vachement bien
Nous sommes quand même
Tous des Européens
Démentis, chiffres invérifiables, mensonges déclarant des guerres, indifférences assassines, deux poids deux mesures meurtriers,…
Ces leveuses de barrières, toutes ces larmes épuisées
Les œillères masquent les vrais questions. Nous n’avons qu’une planète, mais des centaines de pays dans lesquels des milliards d’âmes vivent et pourtant,
Sans aucune éthique aux desseins tragiques
Des nostalgiques de la chaise électrique
Des frustrés cyniques qui règlent le cirque
Ça fait moins peur
De mourir à plusieurs
Avec ardeur, nous sommes nos fossoyeurs
Textes en italique, paroles de chansons d’Alain Bashung (La nuit je mens – Volutes – Trapèze - Immortels) et d’Arno (Putain putain)