Départ 2

Ciel d’hiver  © pexels-eberhardgross-3389536

Quand le jour s’est levé, ils se sont arrêtés dans un petit hôtel, signalé depuis la route. Un hôtel miteux, choisi au hasard. La jeune fille est seule, assise sur le lit de la chambre d’hôtel. Elle a le regard perdu face à la fenêtre, les yeux rivés vers le ciel, cherchant dans les nuages la confirmation qu’elle a fait le bon choix.
Elle n’a pas souhaité l’accompagner à l’extérieur. Elle avait besoin de se poser, de réfléchir, de ralentir toutes ces pensées. Les idées vont et viennent, la tourmentent et l’inquiètent. Elle a tout quitté. Elle a sauté dans le vide sans filet, et maintenant, elle a peur.
Il est impossible de faire marche arrière, il lui sera impossible d’affronter les regards réprobateurs, les jugements silencieux qui tonneront si elle revenait.
Elle passe une mains sur son visage, sa paume est moite, ses longs doigts au teint laiteux tremblent légèrement.
Elle reste face aux nuages. Le vent, souffle si fort que les nuages filent dans le ciel.
E
lle crie à l’intérieur, aucun son ne se fracasse contre les murs ou contre la vitre, aucun son ne remplit l’espace. Rien ne la ramène à elle. Elle s’appuie sur le vide qui l’entoure et tangue. Quelle douleur de tout garder à l’intérieur, rien ne peut s’échapper. Elle tanguerait, tomberait.
Dehors, la lumière blafarde est une lumière d’hiver qui éclaire mal. Rien ne brille tout est terne. On voit presque en noir et blanc. Elle préfèrerait l’obscurité à cette lumière grise triste à en pleurer. Dans le noir, elle entendrait peut-être mieux ce qu’elle doit faire de cette liberté nouvelle. Elle a le vertige, ne sait plus où prendre appui.
L’enseigne lumineuse déréglée clignote sur la façade de l’hôtel. Derrière la vitre, elle entend le grésillement des tubes néon. Un léger halo de couleur bleue flotte dans la pièce, elle tirera les épais rideaux poussiéreux cette nuit. Elle ne trouvera pas le sommeil, elle le sait, elle fera semblant de dormir comme elle l’a déjà fait toute la nuit dans la voiture pendant qu’il conduisait.
Un bruit de clé dans la porte. L’homme pose avec quelques victuailles et des cigarettes sur le petit bureau. Elle espère qu’il ne fumera pas trop dans la chambre. Elle n’osera pas lui demander de sortir. Il fait si froid à l’extérieur.

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