un autre temps frappe à la porte

jamais je ne verrai la vie comme ils la montrent,

je ne peux faire comme si tout allait bien

jamais je ne verrai le mal là où ils l’ont mis

j’exècre les politesses puantes

jamais je ne hurlerai avec la foule,

je n’irai pas dans le sens du vent

je refuse les boîtes, les catégories, les biais qui justifient

jamais je n’accepterai la mort

d’un enfant, au nom de quoi ?

d’une femme, au nom de qui ?

d’un vieillard, au nom du comment ? ni de quiconque !

pourquoi justifier l’innommable

jamais je ne crierai avec les porte-drapeaux,

jamais je ne hurlerai au loup

je n’ouvrirai pas la porte aux démons en costume cravate et aux dents longues

jamais je ne verrai la vie comme ils voudraient que je la voie

la beauté ne fait pas du 38, elle n’a pas la peau lisse

la vie n’est pas un écran, la vie se sent, se touche et vibre

je ne tairai pas ce que j’ai vu, ce que je vois

la colère cogne, réveille, nettoie

Il est impossible de mentir à son âme

la nausée monte

la révolte est là le matin dans le miroir

elle est là, dans le refus de jouer leur comédie

ne rien dire, ne rien écrire serait déjà collaborer

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