Depuis qu’elle est rentrée de vacances, elle ne parle plus. Elle a passé un mauvais été. Sais-tu avec qui elle est partie ? Non. Elle ne dit rien, comment savoir. C’est ça, le problème. On ne sait jamais ce qu’elle pense, elle ne dit jamais ce qu’elle fait, elle agit comme si on savait, mais nous ne sommes pas dans sa tête. Et elle se fâche, c’est le pompon.
Je reçois une relance des impôts. Je suis mensualisée depuis longtemps. Je mets deux heures à les avoir au téléphone, il faut envoyer un mail. Mais tu comprends, je ne suis pas à l’aise avec les ordinateurs. Tu sais ce qu’elle m’a dit au téléphone « il faut venir en personne régler le problème, je ne peux pas par téléphone ». C’est le pompon, il faut que je pose une demi-journée pour leur expliquer qu’ils se trompent.
J’ai passé toutes les sélections, on a enregistré l’émission sur dix jours. Je vais pouvoir souffler un peu. Au final, j’ai gagné. Mais ça reste entre toi et moi, personne ne doit savoir avant la diffusion. Je risque gros, 50 000,00 euros. C’est le pompon, si on sait que je t’ai parlé, je perds tout. Tu sais que si pour une raison ou une autre la diffusion est annulée, je ne recevrai pas l’argent.
C’est le pompon, elle me téléphone à trois heures du matin, elle crie, elle pleure, je pars immédiatement. Pendant tout le trajet, je l’imagine au bord du suicide. Je roule 500 km pied au plancher. Je la réveille « qu’est-ce que tu fais là ? » Je lui dis mon inquiétude, « fallait pas », je lui dis ma fatigue, « ça va, il n’y a pas mort d’homme ».
C’est le pompon, il envoie ses consignes sur You Tube (une par jour en moyenne), je regarde, j’écoute, je lis, parfois je réécoute la consigne. Je cherche ce qu’il attend, ce qu’il veut dire. Je lis la consigne. Je suis en retard, forcément cette rumination me prend un temps fou. Et puis, je m’y mets, et pratiquement chaque fois, il en sort quelque chose d’imprévu. Rien que pour cela j’y reviens. Une nouvelle forme d’addiction ?